"still life"

...Tant qu'il y de la vie, il y a du mouvement, des possibilités de changement...
C'est ce que semble énoncer ce film chinois, avec ses longs plans séquences qui rendent palpables l'épaisseur du temps, ses scènes qui mélangent l'immobilisme et le voyage (à pied, en divers véhicules motorisés, en bâteau, en avion/soucoupe), la destruction et la reconstruction.


Ce Film lent nous montre une Chine pauvre, sale, travailleuse, apparemment soumise à des décisions sans discussions. 
La nouvelle société chinoise infiltre les relations de couple. Les femmes sont achetées ou échangées contre des dettes, ou se prostituent, très jeunes. Les hommes trafiquent ou se tuent au travail pour un salaire minime.
Les relations de couple, les souvenirs familiaux, sont engloutis comme les villages sous l'eau du barrage, enfouis comme les traditions et les pièces archéologiques. Où sont les  traces du passé ? Où sont les liens générationnels ?

Le film est laconique, centré sur l'action, rythmé par les sons/les cadences des bâteaux ou des ouvriers (chorégraphie des corps frappant avec les masses sur les pierres et les murs).
L'émotion est voilée, perceptible par des métaphores (au moment où la jeune femme apprend que son mari a une relation adultère, un court-circuit se produit sur le tableau électrique). Les larmes sont dans la voix qui se casse ,dans l'attitude corporelle, le regard , mais elles ne coulent pas.

Pourtant, tout au long de cette description, derrière la passivité apparente, malgré les difficultés de communication (méfiance,agressivité, mutisme, accent incompréhensible) chacun des protagonistes avance et fait ses choix. Chacun laisse émerger son désir , prêt à différer sa réalisation.
Et des liens humains se nouent. Par le partage du thé, du vin, des cigarettes et des bonbons. Par la danse et les jeux de cartes.Par un pont illuminé entre deux rives, par le trajet appliqué d'un funambule entre deux immeubles.

Encore de la vie, encore de l'espoir.

(autre critique  ici)