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Dans "le labyrinthe grec" de Manuel Vasquez Montalban :

17 Juillet 2008, 19:26pm

Publié par Rêve

le désenchantement de Carvalho.


Je n'ai compris que récemment l'attitude de Pepe Carvalho, détective, lorsqu'il brûle les livres qui ne lui ont "pas appris à vivre". A 25 ans, je trouvais cela un peu révoltant (comme les nazis qui rejettaient la culture), et indigne d'un homme de gauche. En même temps c'était une idée romantique, que les livres servent à faire flamber la cheminée...
Je comprends maintenant qu'en vieillissant l'on cherche à s'alléger, on se prépare à quitter ce qu'on aime, à perdre ce que l'on a construit, à laisser derrière soi ce à quoi l'on a cru. Maintenant je trouve cela noble et sentimental de la part de Pepe de brûler les bons livres qu'il a adorés, de se séparer d'eux en laissant une dernière fois leur lumière et leur chaleur l'accompagner.
Je ne brûlerai pas tout de suite "le labyrinthe grec", roman court paru en 1992, pas le meilleur de
Montalban, mais qui m'a permis de retrouver le temps d'une lecture le détective nostalgique et ses amis, Barcelone en plein travaux avant les Jeux Olympiques (déconstruction, reconstruction, antiquité et modernité), la cuisine espagnole, et une enquête qui fonctionne comme une lampe de poche pour visualiser et se diriger parmi les ombres de la société.
On peut y trouver l'idée de créer un "musée vivant du comportement": un lieu-souvenir où des personnes vivent comme en mai 68 (vêtements, divans, musiques, odeurs, affiches, peintures, libération sexuelle, étudiants en thèse, poulet au curry en tant que "plat à la base de tout repas progressiste de masse remontant à l'époque vénérée"...).
Ou de faire un Disneyland communiste :
"Vous n'avez jamais pensé qu'un jour les
phalanstères seraient construits par des sociétés anonymes ? Mais c'est peut-être aujourd'hui le seul moyen de construire des phalanstères.(...) Maintenant que le communisme est tombé, pourquoi ne pas faire de ce rêve un Dysneyland pour la nouvelle bourgeoisie ? Qu'en pensez-vous, Carvalho, un Disneyland qui serait une cité communiste parfaite, sans les échecs de celle qui vient de s'effondrer ?.
Carvalho se rappela le visage de communistes réels et il faillit balancer un coup de pieds dans les couilles de Lebrun"
N'empêche faudrait en parler à Carla...




extraits :

"le Normalien était maintenant économiste dans la haute administration, au service du gouvernement Rocard.
- Il se méfiait du pouvoir.
- Il n'a pas changé. Le pouvoir est encombré de gens qui s'en méfient."

"Il était plus anarchiste que communiste.
- La solution la plus innocente et la plus inutile."


"- Pepe, tu n'as pas grandi d'un pouce. Souviens-toi de l'aphorisme de
Herbert Spencer : grandir ou mourir.
- De mon temps, Spencer passait pour un pré-fasciste.
- Aujourd'hui, il passe pour un des éléments du patrimoine polymorphe socialo-démocrate-libéral. Nous allons subir encore cette pression philosophique pendant un siècle. Accepte. Laisse-toi enculer et jouis. Le mur de Berlin est tombé."

"- Vous êtes socialiste ?
- ça se voit ?
- Vous avez la mélancolie discrète. Je vous offre un verre.
(...)
- Les communistes sont des traitres. Ils ne veulent plus faire la révolution. Ils veulent tous être socialistes. Ca va nous obliger à devenir libéraux."


"Nous gardons dans l'esprit des recoins d'adolescence douloureux qui ressortent quand on s'y attend le moins, se dit Carvalho qui avait besoin d'une bonne rasade de Knockando grande réserve et du contact chaleureux de ses draps, car ceux-ci connaissaient bien les faiblesses et les besoins de son corps."



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