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"chiens perdus sans collier" de Gilbert Cesbron

28 Mai 2010, 14:23pm

Publié par Rêve

La lecture a été un peu difficile parce que le style est très daté, grandiloquent, et le propos judéo-chrétien en diable (un colloque consacré à l'écrivain s'est pourtant réuni en 2010)...mais je souhaitais relire ce texte qui, dans l'adolescence, m'avait amenée à m'orienter vers le travail social, les sciences humaines (merci à Roquette/ Loulette /chevrette qui me l'a retrouvé).

Entre la sensibilité à l'abandon, le sentimentalisme, l'empathie, l'idéal communiste, et la recherche de justice et de morale, je me suis quand même bien retrouvée, pas tombée bien loin de l'arbre de mon éducation...


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EXTRAITS :

 

"- Il y a longtemps que je souhaitais vous en parler, docteur, que je souhaitais comprendre : comment pouvez-vous mettre vos malades en confiance avec cette froideur ?

-Pas froideur, objectivité. Une femme arrive à ma consultation, le regard étroit, le visage dévoré de tics : harcelé par un insecte invisible. Ce n'est pas pour qu'il lui prenne la main ou lui donne des petites pilules, qu'elle vient voir un psychiatre ! Au bout de dix minutes, elle m'avoue qu'elle a envie de tuer son mari. Bon. Si je lui parle en confesseur : " c'est mal, très mal ", moi qui n'ai pas pouvoir de l'absoudre, quel bien est-ce que je lui fais ? Et si je lui parle paternellement (...) "Bah ! ce n'est pas si terrible que ça" moi qui n'ai pas (...) pouvoir de l'innocenter, quel bien est-ce que je lui fais ?... Non, la seule attitude possible est celle que vous appelez froideur : "Ah ? Et depuis combien de temps avez-vous envie de le tuer ?" comme s'il s'agissait d'une constipation rebelle...

- J'aurais cru, du moins, qu'avec les enfants...

- Oui, c'est une grande tentation que celle de tapoter les joues : de se faire aimer du pauvre gosse que ses parents aiment si mal. Mais à quoi cela sert-il d'avoir pitié, d'attendrir et de s'attendrir puisqu'il faut adapter les enfants aux parents qu'ils ont, même détestables ?...Alors, un ton uniforme, ne jamais juger, les mettre face à face avec eux-mêmes : n'être qu'un miroir. A ce moment, leur angoisse s'effondre et l'on peut commencer à parler..."

 

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"A partir de cet instant, pour ne pas pleurer, s'effondrer, taper sur les flics, crever de honte quand des copains se retournaient sur leur passage, Marc décida qu'il jouait un film...C'est flatteur, passionnant, et surtout, ça finit toujours bien un film ! Même si le type meurt : car mourir en gros plan, en faisant pleurer dans le noir des milliers d'inconnus, ce n'est tout de même pas la même chose ! Le voici donc, marchant entre deux policiers, comme dans "Les bas-fonds de Mexico", et regrettant presque les menottes.

Tout ce qui allait  arriver désormais était du cinéma, et Marc se sentait à la fois héros et témoin : acteur et spectateur."

 

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" Ces mains... ces mains qui l'ont abandonné, mis à la poubelle - oui à la poubelle ! "fallait-il que je sois laid ! Pourtant, à un an, je ne pouvais pas leur faire du mal ? Alors pourquoi ? Pourquoi ?... Mais c'est eux qui sont coupables ! Et je leur dirai ! et je leur demanderai des comptes ! Sans blagues, c'est trop facile ! .... - Mais non, salaud, tu oses attaquer ta mère ! Oh! pardon, pardon...C'est moi qui n'ai pas su me faire aimer...Jamais personne ne m'aimera, jamais... Et s'ils allaient venir, cet après-midi justement ?..."

 

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" Nos parents, à nous, sont vivants ! inconnus, perdus, mais vivants ! Un jour, ils viendront nous chercher ! Ou nous les trouverons nous-mêmes ! Mais que les orphelins nous foutent bien la paix avec leurs yeux rouges et leurs photos fanées !

En fait, ils enviaient les orphelins : ceux-là avaient eu une maison; on gardait leur place dans le monde; ils pouvaient aller dans un cimetière et voir leur nom de famille écrit sur une pierre... Ce n'était pas la faute des orphelins si leurs parents avaient disparu ! Personne ne peut vous reprocher la malchance; au contraire! on vous considère, on vous plaint. Tandis que les parents qui vous ont abandonné, qui jamais n'ont cherché à vous revoir, à savoir à qui vous ressembliez..."

 

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" Ce sera donc toujours la même chose ? reprend Tomawak. Vous n'avez donc pas compris que, séparément, vous n'êtes que de pauvres gosses, et que vous ne pourrez vous en sortir que tous ensemble ? Et que, si vous devez vous battre, c'est côte à côte ? Vous battre un jour, pour sortir de votre crasse, de vos taudis, de votre prison ? Nom ou pas nom, famille ou pas famille, vous n'êtes déjà que des matricules ! Et vos places sont déjà marquées dans un monde où vous ne serez que des numéros d'Assurances Sociales, des servants de machine, des manoeuvres légers !" (...)

C'est ça le monde : partout le pauvre écrasant le pauvre sous le regard  des autres qui viennent recruter leurs domestiques ! (...) Les loups se dévorent entre eux - mais les moutons ?... Eh bien, non ! il faut que vous trouviez une raison de vous diviser , de vous battre  ! (...) Demain, les orphelins de père casseront la gueule aux orphelins de mère ! les blonds égorgeront les bruns ! (...) Vous êtes donc déjà aussi bêtes que les hommes ? Aussi lâches que les hommes ?..."oui,chef!...merci, chef !" J'aimerais mieux un peu moins de "oui, chef !" et un peu plus de fraternité ! Vous n'êtes donc capables que d'être des complices, pas des camarades ? "

 

 

 


Commenter cet article
L
<br /> <br /> une fois de plus bravo pour cette ""décortication de texte"" il me faudra relire ce livre dont les lignes m'apportent quelques ""pincements " et émotions  pourquoi????<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br /> parce que !<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Judéo Chrétien et Communiste<br /> <br /> <br /> C'est ça ton éducation ?<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
R
Éducation scolaire Ste chrétienne , messes le dimanche , grand père ouvrier qui votait communiste .
R
<br /> <br /> Éducation scolaire à Ste chrétienne, messes le dimanche, grand-père ouvrier qui votait communiste<br /> <br /> <br /> <br />